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Voyage en vélo électrique solaire
Carnet de voyage n°5 (écrit par Florian)
De l'autre côté de la montagne
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Je sais pas vous, mais moi quand je vois une montagne j'ai envie d'aller voir ce qu'il y a de l'autre côté ! C'est un peu l'idée de ce nouveau carnet de voyage, que je vous envoie depuis un ouest Chinois qui m'ouvre la porte de l'immensité d'un pays au sujet duquel je ne sais pas grand chose d'autre que nos idées reçues.
Arrivant après 6000 kilomètres de platitude, et avant près de 3000 autres kilomètres qui seront marqués du sceau des déserts du Taklamakan et du Gobi, ah oui, ces montagnes célestes d'Asie centrale tenaient une place toute particulière dans ma grande épopée. Mis en difficulté et totalement lessivé par les steppes Kazakhes, je devais retrouver dans ces montagnes du Tian Shan l'énergie et l'envie d'avaler les kilomètres, avant de plonger dans l'inconnu, de l'autre côté de ces cimes.
Il y a trois semaines je vous avais quitté dans le sud du Kazakhstan, avec un vélo ayant subi la rudesse de routes calamiteuses. Je pensais alors avoir pu réparé mon problème de roue libre, mais quelques centaines de kilomètres après la réparation de fortune réalisée dans un bazar, la mécanique a de nouveau lâché. Roue libre se desserrant de nouveau, remorque fracturée, puis pédales qui tournaient dans le vide, etc..., c'est en poussant que j'arrivais à Bishkek, la capitale Kirghize.
Là-bas, Olivier Wiss, le directeur technique du projet, m'attendait pour une remise à neuf obligatoire du vélo.
Nous passerons alors deux jours à retaper totalement ma monture. Si le système électro-solaire a bien tenu le choc de cette première moitié de périple, la mécanique a subi les vibrations, le sable et la chaleur des steppes. Pour tout savoir sur ce point technique.
le franchissement des montagnes du Tian Shan à vélo électrique solaire
Après une petite semaine de coupure, se dressaient devant moi les montagnes du Tian Shan, massif que je traverserai par delà 3 cols, entre 2700 et 3200 mètres d'altitude. Un superbe nouveau défi pour mon vélo électrique solaire, car depuis le col du Petit Saint Bernard (franchit lors de la 2ème étape pour passer de la Savoie à Italie) je n'ai connu aucune montée significative ! Mais a vrai dire, pour le savoyard que je suis, ces quelques cols me faisaient moins peur que le vide et la platitude des grandes steppes ! En somme en pénétrant dans les vallées j'ai un peu eu l'impression d'arriver en terrain maîtrisé !
Sur le col de Dolon (culminant à 3030m), peut être la principale difficulté de tout le périple, je retrouvais un vélo puissant comme au premier jour, un coup de pédale digne d'un grimpeur espagnol sur-vitaminé, et surtout, je retrouvais, dans ce décor de rêve, le simple plaisir de rouler !
Sur une montée de près de 50 km, progressive puis se terminant sur une piste caillouteuse de 8 km à 8 % de moyenne, je me disais que je devais être le premier a grimper ce col en vélo électrique tout en faisant le constat que la chose était possible. Ca peut vous paraître un peu original, mais en réalité je n'avais aucun repère sur la faisabilité de franchir un col comme celui là avec un vélo électrique solaire pesant plus de 60 kilos à lui seul. C'est donc peu dire que j'étais heureux d'évoluer ici, le moteur et les jambes à plein régime. Si en 2006, lors de mon précédent voyage à vélo, j'avais du pousser le vélo sur deux kilomètres pour passer ce col, cette fois je ne descendrai jamais sous la barre des 10 km/h. Quel bonheur !
Au delà cet aspect purement vélocipédique, j'ai trouvé dans les montagnes du Kirghizstan une vraie sérénité, avec le sentiment de ne plus subir les événements. Sur ces terres, où on évolue dans l'effort, je me suis senti à l'aise comme jamais depuis mon départ savoyard. Suis-je certainement plus fait pour la montagne que pour la plaine.
Sur les deux autres étapes me menant vers la frontière, deux nouvelles montées au programme, un col à 2700 mètres puis une interminable ascension de 75 kilomètres, en pente douce mais constante, jusqu'aux 3100 mètres du camp de yourte de Tash Rabat. Il faudra maintenant attendre le Mont Fuji Yama pour aller plus haut !
Tash Rabat, un lieu particulier pour moi, car c'est là, dans ce petit vallon enchanteur, parsemé de yourte, que j'avais terminé ma route en 2006. Cette année pas de chance, pour y arriver il aura fallu se battre pendant près de 6 heures sur une piste non asphaltée, sous la pluie puis le froid. Comme jamais, mon vélo et moi nous sommes retrouvés totalement couvert de boue. Par ailleurs, privée de soleil, l'autonomie des batteries était mise à rude épreuve, sur un terrain montant où mes pneus patinaient par moment. Mais peu importe, concentré sur l'objectif de rejoindre le camp avant la nuit, je redoublais d'efforts et parvenais au but vers 19h30, à 3100 mètres d'altitude, sous la pluie et avec une température de 8 degrés. Les batteries avaient tenu juste ce qu'il fallait. Dans ces conditions extrêmes je sais donc que mon autonomie ne dépasse par les 80 kilomètres, mais des étapes comme celle là, il n'y en aura pas beaucoup d'autres !
L'arrivée en Chine en vélo électrique solaire
Kashgar ville chinoise
Avant de passer la frontière, en taxi, procédures chinoises obligent, je prenais une journée de repos, pour profiter un dernier instant de la quiétude des montagnes Kirghize. Le calme avant la tempête des déserts chinois ? Peut être bien. Je n'en sais rien. Je verrai bien. Mais par un dimanche 15 août à Tash Rabat, j'ai surtout pensé à profiter de la chance d'être déjà arrivé jusqu'à là.
Le lendemain, la journée du 16 août sera consacrée au passage en Chine, un passage effectué via taxis assermentés, procédure chinoise oblige. Deux postes de frontières au Kirghizistan, un changement de taxi au sommet du col de Torugart (3770 mètres quand même...), puis c'est l'arrivée sur le premier poste de douane chinois, dans un décor et une ambiance totalement hallucinants, dignes de ce qu'on peut voir au cinéma ! L'atmosphère est ici clairement moins détendue que sur tous les autres postes frontières que j'ai croisés jusqu'à là, avec une multitudes de petits soldats chinois un peu partout, et pour ne pas me rassurer le chauffeur du taxi me dit au dernier moment "surtout il faut pas dire que c'est un vélo électrique, car tu n'as pas l'autorisation spéciale nécessaire !". Ce n’est pas faute de m'être renseigné avant le départ, mais nul part je n'avais vu qu'il fallait une autorisation pour entrer en Chine en vélo électrique, même si je me doutais bien que ça serait pas tout simple.
Du coup, au moment où il a fallut une première fois sortir tous les bagages pour scannage..., la stratégie (décidée par le chauffeur et un poil stressante pour tout le monde) a été de ne pas sortir le vélo du taxi, où il était rangé de façon à ce qu'il paraisse totalement anodin (grâce à un gros coussin qui servait à la fois de cale et de masque...), et de dire que les panneaux solaires servaient à recharger mes appareils électroniques...
Ces mêmes appareils, photos, caméras et ordinateurs portables me servant au final doublement de diversion, les douaniers étant curieux de savoir combien tout ça pouvait bien coûter en France. Le chauffeur jouait lui parfaitement le jeu et détendait l'atmosphère en racontant je ne sais quoi dans une langue totalement insaisissable. Une fois repris la route, il était en tout cas content de me dire "bon, ça c'est bien passé hein ?". Je ne sais pas si un étranger avait déjà tenté de passer en Chine avec un vélo électrique, je n'ai rien vu de tel sur internet, mais en tout cas on peut maintenant être sûr que ce n'est pas simple. Mieux vaut avoir un poil de chance.
100 km plus loin, rebelote, à la sortie de l'immense et désertique zone frontalière. Scannage de tous les bagages, dans un énorme poste frontière digne d'un aéroport international, et surtout succession déconcertante de contrôle de mon passeport, qui a du être vérifiée une bonne vingtaine de fois sur toute la journée ! Pour ce qui est de mon vélo, même stratégie : mentir sur sa vraie nature. Avec un jour de recul, je me dis que c'était quand même risqué, et en tout cas jamais je n'avais imaginé que l'entrer en Chine (par la voie terrestre), pouvait être si compliquée. Si vous voulez vivre un truc sortant de l'ordinaire, tentez l'expérience ! Et si vous aimez prendre des risques, allez y en vélo électrique ! Pour ce qui me concerne, une fois m'aura suffit.
Une fois rentré, deuxième surprise avec l'ambiance que j'ai découvert. Je savais que cette région du Xinjiang se démarquait du reste du pays, de part son histoire et sa population Ouïghours d'origine musulmane (les inscriptions sont ici en chinois et en arabe), mais je n'imaginais en fait pas à quel point cela pouvait être vrai. J'ai comme une la sensation d'avoir quitté l'Asie pour arriver dans une ville d'une autre monde, chaude et bouillante de vie, traditionnelle et terriblement moderne à la fois. Après le calme des montagnes, quel changement !
Avant le retour dans les déserts, dès demain, cette halte à Kashgar sonne aussi comme une véritable initiation à la densité de population chinoise. Il suffit de se balader en ville pour sentir la puissance et la grandeur d'un pays dans lequel je viens seulement de mettre un petit bout de ma roue. La route chinoise sera longue et surprenante.
Tout le voyage :
 Florian Bailly de la France au Japon et à la Chine en vélo solaire électrique
Voyage de la France à la Chine et au Japon en vélo électrique solaire un pari réussi pour Florian Bailly
La Chine traversée en vélo électrique solaire - arrivée à Shangai
Au coeur de la Chine en vélo électrique solaire
Bande annonce du film sur le voyage en vélo électrique solaire France-Japon projeté au Grand Bivouac à Albertville
Traversée de la Chine en vélo électrique solaire la région du Sinkiang ou Xinjiang
Périple en vélo électrique solaire : l'entrée en Chine est de l'autre côté de la montagne
Florian Bailly à mi-parcours du périple France-Japon à vélo électrique solaire
Steppes Kazakhes : la rencontre des difficultés
14 juillet : de l'Ukraine vers la Kalmoukie
30 juin : le périple en Russie
18 juin : une roue dans l'aventure
Derniers préparatifs du voyage en vélo solaire de Florian Bailly
Florian Bailly en route vers le Japon en vélo solaire met en lumière les Véloparcs électriques du Parc des Bauges
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