Hommes Vignes et vins à Jongieux
Au coeur de l’Avant Pays
Savoyard, les vignobles de
Jongieux s’accrochent sur les
pentes escarpées des derniers
contreforts du Jura et du prélude
des Alpes. Ceinturé par le Mont
de la Charvaz et les méandres du
Rhône, ce terroir aux multiples et
subtiles facettes cultive l’altesse
qui donne ses lettres de noblesse
à la Roussette de Savoie cru
Marestel. D’autres cépages
comme la jacquère, la mondeuse,
le chardonnay, s’y épanouissent.
Petit territoire de 250 hectares, le
vignoble est blotti autour du
village de Jongieux. Ici, les
hommes connaissent la patience
et l’humilité face à la terre et au
vin.
Le vignoble de Jpongieux
Patrice Jacquin : osons l’avenir !
Il est des hommes visionnaires, précurseurs, explorant le monde pour le faire avancer. A
Jongieux, il s’appelle Patrice Jacquin.
Vigneron-viticulteur, maire du village depuis 1995, élu président de la Chambre
d’Agriculture de la Savoie en février 2007, Patrice Jacquin est aussi impliqué dans l’activité
touristique avec un gîte et trois chambres d’hôtes. Touche à tout ? Non ! Il est plutôt du
genre à vouloir voir, comprendre et réaliser des actions dans un ensemble. Il note
cependant une adéquation entre son mandat de maire et celui de la Chambre
d’Agriculture, une même compréhension de l’application des textes. « Il faut être sur le
terrain et ne pas être déconnecté de son travail, sinon on ne comprend plus le terrain »
argumente Patrice Jacquin « la vision doit s’étendre au-delà de nos frontières
départementales et régionales et même de sa propre filière. Cette vue doit être le partage
de tous les responsables. Partagée, elle permet d’atteindre un but. »
Mais Patrice Jacquin est avant tout viticulteur à Jongieux. Sur le domaine ‘Jacquin
Edmond et Fils’ dont il est le propriétaire, il s’occupe de la vinification, des traitements de
la vigne et de la gestion des salariés. Son frère, Jean-François suit la mise en bouteille, la
livraison et les clients. « Je suis né à Jongieux. Je tiens à ce que ce pays qui possède un
paysage remarquable reste dans l’évolution maîtrisée et réfléchie pour pouvoir être légué
aux générations futures mais aussi aux touristes et aux nombreux pèlerins en route vers
Compostelle. »
S’ouvrir et découvrir
Patrice Jacquin souligne qu’il est dans la continuité d’un travail amorcé dans les années
1960. Une trentaine d’années plus tard, sans le savoir, il s’engageait dans le
développement durable. En 2002, en tant que maire, il fait le choix d’un classement
paysager. Pas question de se laisser aller à construire partout. « Regardons le paysage ! Il
y a d’autres valeurs à partager ! Pouvoir s’ouvrir et venez découvrir ! Osons l’avenir par le
biais du développement durable » lance l’élu. Ainsi, par exemple pour régler des
problèmes de pollution locale, des lits de roseaux ont été plantés pour gérer et traiter des
effluents.
Ses objectifs sont clairs ! Maintenir le vignoble de Jongieux, augmenter la qualité des
produits, de l’accueil et renforcer les gîtes et chambres d’hôtes. « Le produit ne doit pasêtre oublié, nous devons lui apporter une valeur ajoutée par le biais de l’environnement.
Notre chance est d’être en Savoie, un département bien positionné ! A nous d’aller plus
loin ! » avance Patrice Jacquin.
La famille Barlet : vignerons dans l’âme
A la Cave du Prieuré, les Barlet sont
vignerons de père en fils depuis le XII ème
siècle. Aujourd’hui, Julien, la dernière
génération, a rejoint Noël, son père et
Pascal, son oncle. Le grand-père Raymond
veille toujours sur les vignes. Des 8
hectares avant la reprise des frères en
1982, la famille Barlet possède aujourd’hui
25 hectares de vigne à Jongieux produisant
des vins souples et généreux.
Bien sûr, les méthodes ont changé et
Raymond ne le regrette pas. D’une société de polyculture, ses enfants sont devenus de
vrais vignerons-viticulteurs. « Dans le village, ils ont été plus de 20 à partir étudier la vigne
et le vin dans les écoles de Beaune et de Belleville, cela fait toute la différence. Moi, en
1944, j’avais 14 ans, j’ai repris la ferme avec mon père. C’était le début du blé et nous
faisions du maïs, des pommes de terre, on élevait trois vaches, deux boeufs, un veau. Les
arpents de vigne servaient à notre consommation. La vie était rude. » raconte Raymond.
Le changement de la polyculture à la quasi exclusivité de la vigne s’est fait au fil du temps.
Henri Masson est le détonateur du renouveau de la vigne, il arrive d’Apremont (Savoie)
dans les années 1960. « Avec ses enfants, ils ont défriché la terre des hivers durant et ont
planté des ceps. Le village l’a suivi. Nous avons enterré la roche sous des milliers mètres
cubes de terre, la vigne s’y plaît et y puise ses richesses. Les outils et le travail étaient mis
en commun. Des CUMA avant l’heure ! » se souvient Raymond Barlet.
Le travail porte ses fruits
Quelques décennies plus tard, les rendements réduits, la vinification améliorée, les vins de
Jongieux raflent de nombreuses médailles au concours. « Nos parents avaient émis l’idée
d’une coopérative. Avec le recul, c’est une chance de ne pas l’avoir fait. Nous avons dû
nous bouger, travailler la qualité, nous équiper, mettre en bouteille » souligne Pascal
Barlet. Lors de son installation, Noël Barlet fonce, investit dans une chaîne d’embouteillage
puis les frères arpentent pendant 22 ans le marché hebdomadaire d’Aix-les-Bains pour
toucher curistes et touristes. « Nous devons toujours nous remettre en question, tant d’un
point de vue de la culture de la vigne, de la vinification que de la vente. La baisse de la
consommation nationale nous touche. A nous d’aller voir la clientèle et de comprendre
leurs attentes ! » argumente Pascal, adhérent au mouvement des Vignerons Indépendants
de France.
Des vins généreux
Sur les arpents de la cave du Prieuré, jacquère, altesse, mondeuse, des cépages
typiquement savoyards côtoient chardonnay, pinot, gamay.
Des coteaux à l’aspect minéral et ensoleillés, naissent des vins fruités, équilibrés et
soignés. La jacquère tire toute son originalité du sol, elle offre un cru Jongieux (la
dernière née des appellations savoyardes) frais, vif et fleuri.
Le fleuron de Jongieux reste sans conteste l’altesse, cépage uniquement rencontré en
Savoie ! Exposée sur le coteau de Marestel, dominant l’église, l’altesse apporte toute sa
complexité aromatique à une Roussette de Savoie cru Marestel. Fortifiés dans les éboulis calcaires et les sols caillouteux, gorgés de soleil, les raisins laissent éclore une
grande finesse dans une belle robe jaune tirant sur le doré. En bouche, la Roussette de
Savoie cru Marestel explose dans des tonalités riches et grasses de miel, abricot, pain
grillé… Le millésime 2006 remporte la médaille d’or au Concours Général Agricole Paris
2007 et la médaille d’argent au Concours Vignerons Indépendants 2007.
La mondeuse, cépage proche de la syrah, produit un vin de terroir, puissant et fruité.
Typée et charpentée, la cuvée ‘Compostelle’ issue de vieilles vignes et mûrie en fût de
chêne offre des arômes de fruits rouges.
Les meilleures années (1996, 2000 et 2005), la cave du Prieuré sélectionne des grains en
surmaturité du cépage altesse pour réaliser une cuvée ‘Première Grive’ et depuis deux
ans, à titre expérimental, des raisins sèchent en cagette qui servent à obtenir un vin paillé.
Document mis en ligne à partir d'un
communiqué de presse de l'Avant Pays Savoyard