Catherine Midey
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Née à Chambéry en 1976, c’est, toute petite, que Catherine Midey a choisi l’instrument de ses rêves, celui des contes de fées : la flûte… enchantée ! C’est avec la volonté et la ténacité qui la caractérisent, et avec passion, qu’au cours de cet entretien du 4 septembre 2007, elle a retracé son parcours riche de promesse, qui l’a conduite du Conservatoire de Musique d’Aix-les-Bains à la fosse d’orchestre du Théâtre du Châtelet au sein de l’Orchestre de Paris, et à l’Opéra de Turin.
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Hervé Gallien : Catherine Midey, comment définissez-vous votre profession ?
Catherine Midey : Je suis avant tout « musicienne », une musicienne qui partage son temps entre l’enseignement et l’interprétation. Aujourd’hui, je suis professeur de flûte aux Ecoles Municipales de Musique de Moutiers, Bozel, Aiguebelle et Voreppe, et je suis flûtiste à l’Opéra de Turin. Ces deux fonctions me paraissent indispensables et complémentaires. En effet, qu’est-ce donc, un professeur qui ne joue pas de son instrument, qui ne s’exprime pas au travers du langage musical qu’il a choisi ? Sa mission est de transmettre son savoir, certes par son enseignement, mais aussi de se produire en public pour montrer le résultat d’un travail accompli, et faire connaître les œuvres musicales de son répertoire. Il peut ainsi, et c’est absolument indispensable, non seulement maintenir ses qualités d’interprète, mais aussi les perfectionner en permanence, ce qui est la seule condition à sa crédibilité.
H.G. : Parlez-nous de votre parcours musical.
C.M. : Mon père, passionné d’art et mélomane averti, écoutait beaucoup de musique à la maison. J’ai été élevée dans cette ambiance musicale. Il aurait souhaité que je joue du piano ou du violon, mais dès l’âge de six ans, c’est le son de la flûte, qui, déjà, m’avait séduite, peut-être parce qu’il entraînait mon imagination dans les contes de fées. Malgré quelques réticences, mes parents acceptèrent de m’inscrire au Conservatoire Municipal de Musique d’Aix-les-Bains, dont vous étiez le directeur. Mais les cours étant déjà commencés, cela fut impossible, et c’est seulement l’année suivante, après une année de piano, en leçons particulières, que je pus intégrer la classe de flûte de Christiane Rota, puis celle de Florence Carré, tout en poursuivant mes études pianistiques dans la classe d’Odile Malvezin.
Quelques années plus tard, j’entrais au Conservatoire National de Musique de Chambéry dans la classe d’André Guérin pour la flûte, et Annie Lapierre puis Nathalie Petit-Rivière, pour le piano. Mes études terminées à Chambéry, je fus admise au Conservatoire National de Région de Lyon, dans la classe de flûte de Michel Lavignolle où j’ai obtenu une « Médaille d’Or » et un « Premier Prix de Perfectionnement ».
Après un passage par le Conservatoire National de Région de Boulogne, j’ai réussi le concours d’entrée au Conservatoire Supérieur de Genève où j’ai eu successivement pour professeurs Maxence Larrieu, Emmanuel Pahud et José Castellon. et j’en suis ressortie avec mon « 1er Prix de Virtuosité ».
Je me suis ensuite perfectionnée, à Créteil, avec George Alirol, flûtiste à l’Orchestre de Paris et Pierre Dumail, piccolo solo à l’Opéra de Paris.
Je suis également titulaire du D.E. (Diplôme d’état) et du C.A. (Certificat d’aptitude) pour l’enseignement de mon instrument, ce qui m’autorise à enseigner dans les Ecoles Nationales et de Région.
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Catherine Midey et Marie-Annick Chamarande, professeur de piano au CNR de Lyon
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H.G. : C’est tout à fait remarquable. Qu’en retirez-vous aujourd’hui ?
C.M. : Beaucoup de satisfactions, mais aussi quelques désillusions. Je suis tenace et mets tout en œuvre pour aboutir aux buts que je me suis fixés : avoir une poste d’enseignant à temps complet dans une école correspondante à mes diplômes (Conservatoire National ou de Région), avec un poste de flûtiste dans un orchestre symphonique de haut niveau, de préférence à mi-temps, de façon à continuer le travail journalier de mon instrument et faire quelques concerts en soliste ou en musique de chambre. A chaque ouverture de poste, je ne manque aucun entretien, mais les places sont rares. Toutefois, je ne désespère pas. Je suis professionnelle et mes capacités se verront bien un jour, récompensées.
J’ai déjà un passé intéressant. Mon engagement à l’Orchestre de Paris, au pupitre de piccolo, pour la Walkyrie de Richard Wagner, au Théâtre du Châtelet, fut une expérience extraordinaire. J’ai joué également, avec l’Orchestre Régional Nice-Côte d’Azur et l’Orchestre des Pays de Savoie auxquels je dois ajouter les nombreux concerts de musique de chambre dans notre région ou ailleurs.
Si j’ai cette ténacité et cette volonté, je les dois en partie, à mon premier professeur de piano, Madame Fontanel, décédée depuis de nombreuses années, qui a su me donner un goût très fort pour la musique, et m’encourager fortement, ce qui a contribué à influencer mes parents qui ont su m’aider dans ce sens.
H.G. : Votre flûte, pour vous, c’est quoi ? Quelle relation entretenez-vous avec elle ?
C.M. : Excellentes, même si je garde quand même une certaine distance avec mon instrument. Comme la musique, il fait partie de moi. De même que je ne m’imagine pas vivre sans la musique, je ne m’imagine pas vivre sans ma flûte. Comme beaucoup d’instrumentistes, j’entretiens avec elle une sensualité particulière, que l’on pourrait presque dire, charnelle. Ma flûte, c’est moi, et je la mets entièrement au service de la musique.
H.G. : En musique, quels sont les modèles pour lesquels vous avez une profonde admiration ?
C.M. : Pour les artistes, je n’ai pas vraiment de modèles. Je n’ai pas de Dieu ! J’en aime et j’en respecte un certain nombre, mais je dois dire que celui qui m’a le plus impressionné c’est mon dernier professeur de flûte, George Alirol, qui, musicalement et humainement, est sans doute, celui qui m’a le plus apporté en m’apprenant ce qui m’est le plus cher au monde : l’indépendance, cette indépendance qui est le moteur de ma vie.
Pour les compositeurs, alors que la flûte m’a conduite naturellement à Bach, Mozart, Debussy et quelques autres, j’ai découvert, lors de mon passage à l’Orchestre de Paris, celui que je considère aujourd’hui comme le plus grand compositeur et comme un homme de génie : Richard Wagner. J’ai trouvé en lui, un monde et un univers totalement neuf, d’une profondeur et d’une « sagesse » philosophique, envoûtante, dont je ne peux me séparer. Sa musique va au-delà de la musique, et son message, d’une liberté et d’une humanité sans limites, montre à quel point, il a compris l’ambiguïté de l’être humain. Il m’a touché profondément et reste à jamais « le » compositeur qui semble convenir le mieux à mes aspirations et à mon bonheur. C’est dire qu’aujourd’hui, ma préférence va vers l’opéra et le symphonique.
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Catherine Midey, Orchestre du Festival d’Operettes d’Aix-les-Bains
H.G. : L’enseignement vous satisfait-il pleinement ?
C.M. : Oui et non ! Aujourd’hui, nous devons inventer de nouvelles méthodes pédagogiques, au service de l’enfant, pour l’intéresser et surtout, ne pas le décourager. Je ne suis pas contre, mais à la condition, que la progression constante soit respectée. Les deux premières années, je m’efforce d’être à leur écoute. Je m’adapte en leur faisant travailler les morceaux de leur choix lorsqu’ils le demandent, et j’essaie d’en tirer de maximum pour faire passer toutes les difficultés techniques obligées. Ensuite, j’inverse progressivement le processus, en imposant les études et les œuvres nécessaires à leur épanouissement, tout en maintenant une grande exigence et une certaine souplesse. Cela ne se passe pas trop mal. Les élèves sont assez lucides et comprennent rapidement, que, sans un travail régulier, rien n’est possible. La technique demande un travail approfondi et régulier, est c’est à cette seule condition, que, l’élève peut prendre pleinement possession de son instrument, le maîtriser parfaitement, et être capable de jouer avec bonheur et sans découragement.
C’est plutôt du côté de certains parents que je rencontre quelques hostilités. Les exigences d’un travail journalier bousculent leurs habitudes et leurs projets, et certains semblent s’imaginer, qu’il est possible de jouer sans cette contrainte. Alors, il faut expliquer… Ce n’est pas toujours facile de faire comprendre que leur enfant doit avoir du temps travailler son instrument.
Catherine Midey et Céline Perrard, harpe, Orchestre des « Cordes Sensibles », direction : Denis Jeandet
H.G. : Quels conseils donneriez-vous à ceux qui seraient tentés de suivre votre voie ?
C.M. : La prudence. La prudence avant tout ! Nous avons une profession dont la précarité s’impose de plus en plus. Par essence, la musique est peu reconnue dans notre société. On doit se battre, souvent sans espoir, pour arriver à obtenir ces postes, tant désirés. La société, ne l’oublions pas, n’encourage que les études sensées apporter une situation financière confortable, pour s’intégrer dans le tourbillon de la consommation, voulant faire croire que le bonheur est lié au confort matériel et à l’argent. Les musiciens qui en gagnent beaucoup sont de plus en plus rares. Aussi, je préviens mes élèves, que s’ils souhaitent se lancer dans cette voie, il faut qu’ils acceptent, tout d’abord, l’exigence d’un travail constant et parfait, d’une durée indéterminée (de nombreuses années), et se frayer un chemin au travers d’une jungle impitoyable, en frappant à des portes quasiment toujours fermées.
Mais si l’on aime son métier avec passion, rien n’est perdu et l’on peut y arriver. C’est alors qu’on s’aperçoit, qu’on exerce le plus beau métier du monde.
H.G. : Catherine Midey, je vous remercie.
Hervé Gallien
Entretien du 4 septembre 2007
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