Marguerite d'Autriche, fille de l'Empereur Maximilien 1er d'Autriche et de Marie de Bourgogne, naquit à Bruxelles en 1480, et connut un destin hors du commun. Elle fut élevée, dès l'âge de deux ans, à Amboise et à Plessis-les-Tours où résidait la cour de France. Elle y reçut une éducation princière qui lui permit d'affirmer son goût pour la poésie, la musique et la danse. En 1495, Govard Nepotis, l'organiste de la cour, lui enseigne la musique, et elle apprend à jouer de l'épinette.
Promise en mariage au dauphin, le futur Charles VIII, celui-ci la répudie afin d'épouser la duchesse Anne de Bretagne, elle-même convoitée par Maximilien d'Autriche, son père. Ce fut pour Marguerite, alors à peine adolescente, un choc qui laissa dans son esprit une empreinte définitive.
Quelques années plus tard, elle épouse, en 1497, le prince Jean, héritier des royaumes d'Espagne qui mourut quelques mois plus tard, puis, en 1501, le duc de Savoie Philibert II le Beau, ce qui lui valut le titre de Duchesse de Savoie, titre qu'elle conserva jusqu'à sa mort. À nouveau veuve en 1505, elle restera en Savoie deux ans après le décès de son époux et fera élever à sa mémoire un superbe monument funéraire à Brou, près de Bourg-en-Bresse. Elle mit à profit cette sombre période pour cultiver avec ardeur ses arts de prédilection : poésie, musique et danse.
De cette période heureuse pour la jeune femme, date un superbe manuscrit de 48 chansons et airs de danse, conservé à la Bibliothèque Royale de Bruxelles. Parmi les musiciens représentés dans ce volume, Pierre de La Rue se distingue particulièrement. Ce musicien d'origine flamande semble avoir été le musicien préféré de la duchesse, aux côtés d'autres grands noms de la musique polyphonique de la fin du XVème siècle et des premières années du XVIème siècle, tels Hayne, Compère, Agricola, Isaac ou Ockeghem.
À cette époque, la cour de Savoie, à l'instar des grandes cours princières d'Italie - Milan, Naples, Ferrare, Mantoue - ou de la cour de Bourgogne, avait à son service des artistes de qualité, musiciens, peintres ou écrivains. Les grands centres politiques étaient en train de se transformer en centres culturels majeurs, relayant ainsi l'Eglise dans un rôle qui lui appartenait depuis le Moyen-Age. La Savoie, grâce en particulier à la personnalité de Marguerite d'Autriche, n'a pas échappé pas à cette évolution.
La fin de sa vie, après son départ de Savoie, se passera à Malines, en tant que Régente des Pays-Bas. La musique restera l'une de ses occupations favorites ainsi qu'en témoignent d'autres manuscrits qui viennent compléter, celui datant des années passées en Savoie.
Elle mourut en 1530 et fut inhumée à Brou.
Discographie (extraits) :
La Danse de Clèves, pour ensemble instrumental
AA5302 R. CLEMENCIC dir. / CLEMENCIC CONSORT en CD HARMONIA MUNDI HMC90610 (1987)
L’Espérance de Bourbon, danse pour ensemble instrumental (
AA5302 R. CLEMENCIC dir. / CLEMENCIC CONSORT en CD HARMONIA MUNDI HMC90610 (1987)
Filles à marier, pour ensemble instrumental
AA5302 R. CLEMENCIC dir. / CLEMENCIC CONSORT en CD HARMONIA MUNDI HMC90610 (1987)
Sans faire, danse pour ensemble instrumental
AA5302 R. CLEMENCIC dir. / CLEMENCIC CONSORT en CD HARMONIA MUNDI HMC90610 (1987)
Hervé Gallien, 19 janvier 2008
Femmes Compositrices