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« La Vie parisienne » à l’Opéra de Lyon : éblouissant
Jacques Offenbach / La Vie Parisienne
Opéra-bouffe en 4 actes
Représentation du lundi 31 décembre, 19h30
Marc Callahan, Bobinet
Jean-Sébastien Bou, Raoul de Gardefeu
Maria Riccarda Wesseling, Metella
Laurent Naouri, Le Baron de Gondremark
Michelle Canniccioni, La Baronne
Marie Devellereau, Gabrielle
Jean-Paul Fouchécourt, Frick
Jesus Garcia, Le Brésilien
Christophe Mortagne, Prosper
Brigitte Hool, Pauline
Jean-Louis Meunier, Urbain
Claire Delgado-Boge, Léonie
Orchestre et Chœurs de l'Opéra de Lyon
Sébastien Rouland, direction musicale
Laurent Pelly, mise en scène et costumes
La Vie parisienne, Opéra de Lyon, décembre 2007
C’est le baron de Gondremark, au deuxième acte, qui résume en quelques mots l’atmosphère joyeuse et délirante de cette représentation lyonnaise : « Je veux m’en fourrer jusque-là !... ». La mise en scène décoiffante et résolument moderne de Laurent Pelly, la direction d’orchestre distinguée, dynamique et contrastée de Sébastien Rouland et l’ensemble des solistes, choristes, danseurs et figurants, nous en ont vraiment « fourré jusque-là », tout au long de cette soirée remarquable en tout point.
Ce fut un spectacle éblouissant, mené d’un train d’enfer, délirant de virtuosité, emprunt d’une rare intelligence, auxquels les spectacles « provinciaux », nous avaient progressivement déshabitués. À la désuétude franchouillarde et complaisante de la médiocrité, se sont substitués le talent et le génie de protagonistes, entièrement voués au service d’Offenbach, dont le professionnalisme exemplaire a redonné à l’opérette – ici opéra bouffe – ses lettres de noblesse, trop souvent subtilisées en toute impunité.
À l’Opéra de Lyon, la recette, c’est le talent à l’état pur, dans le respect de l’œuvre et du public.
La mise en scène claire, vive, précise, caricature sans complaisance une société parisienne de faux-semblants, démontant à la fois les mécanismes de la fourberie et du mensonge et les effets puérils et dévastateurs du cœur humain : peu d’amour et beaucoup d’humour. Tout n’est qu’illusion et folle griserie, dans un spectacle total, étourdissant et éblouissant, dont les décors et les costumes rivalisent de bonheur et d’imagination. Aucun mot ne saurait traduire la justesse de la vision pertinente de Laurent Pelly sur notre société déboussolée marchant sur la tête – le tableau de la Joconde tête en bas, accroché au plafond – qui, tout au long du spectacle, traduit avec un humour désopilant, l’histoire d’une farce qui tourne au tragique pour mieux s’oublier dans un final étourdissant, renvoyant à celui du « Falstaff » de Verdi : « Le monde entier n’est qu’une farce…. ».
La distribution est à l’égale de la mise en scène, homogène, d’un niveau exceptionnel, où il faut retenir l’extraordinaire Marie Devellereau (Gabrielle), et les non moins excellents Laurent Naouri ( Le Baron de Gondremark) et Jean-Paul Fouchecourt (Frick).
Avec les superbes sonorités de l’orchestre de l’Opéra, dirigé avec subtilité par Sébastien Rouland qui joue le jeu en parfaite adéquation avec les artistes, ce spectacle sans faille, inouï et insurpassable, redonne à l’opérette une place primordiale dans le monde exigeant de l’art lyrique. Celui qui n’a pas vu les représentations lyonnaises, ignore ce qu’est l’opérette, et se fourvoie dans les spectacles indignes et déshonorants qui lui sont proposés par ailleurs.
L’Opéra de Lyon confirme ici sa place prépondérante et honore magnifiquement cet art souvent délaissé et décrié, qui le place à l’égalité des plus grandes scènes internationales.
Retransmission de ce spectacle :
France 3, samedi 5 janvier 2008, 23h55
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Hervé GALLIEN
1er janvier 2008
Toutes les critiques de concert réalisées par Hervé Gallien
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