16h30
Johannes Brahms (1833-1897)
Liebeslieder (Chants d’amour), 18 valses op 52a, version pour piano à 4 mains
( Bertrand Chamayou et Jonas Vitayd)
Lieder pour soprano et piano, An die Nachtigall, op 46 n°4 (Hölty) – O wüsst es doch, op 63 n°8 – Gehermnis, op 71 n°3 (Candidus) – Mädchenlied, « Auf de Natcht… », op 107 n°5 (Heyse) – Meine Lieder, op 106 n°4 (Frey) – Natchtwandler, op 86 n°3 (Kalbeck) – Mädchenlied, « Am jüngsten Tag, op 95 n°6 (Heyse) – Immer leiser wird mein Schlummer, op 105 n°2 (Lingg) – An ein Veilchen, op 49 n°2 (Hölty) – Das Madchen spricht, op 107 n°3 ( Gruppe)
(Donna Brown et Philippe Cassard)
2 Lieder op 91 pour voix, alto et piano, Gestillte Sehnsucht (Rückert) – Geistliches Wiegenlied (Geibel, d’après Lope Vega)
(Donna Brown, Mathieu Herzog (alto) et Philippe Cassard)
20h30
Johannes Brahms ( 1833-1897)
Quatuor à cordes n°1 en ut mineur op 51, Allegro, Romanze (poco adagio), Allegretto molto moderato e comodo, Un poco più animato
(Quatuor Ébène)
5 lieder transcrits par david Walter pour soprano, quatuor à cordes et piano (Commande des Nuits Romantiques du lac du Bourget), Über die Heide, op 86 n°4 (Storm) – O kühler Wald, op 72 n°3 (Brentano) – Von ewiger Liebe, op 43 n°1 ( Wenzig) – Auf dem See, op 59 n°2 ( Simrock) – Ständchen, op 106 n°1 ( Kugler)
(Donna Brown, le Quatuor Ébène et Jonas Vitaud)
Quintette avec piano en fa mineur op 34, Allegro non troppo, Andante (un poco adagio), Scherzo (allegro), Finale (poco sostenuto) – Allegro non troppo
(Bertrand Chamayou et le Quatuor Ébène)
C’est en deux parties, concerts à part entière, que se sont déroulés les « Salons Romantiques » consacrés uniquement à Johannes Brahms, la matinée centrée sur la soprano Donna Brown, la soirée sur le Quatuor Ébène.
Bertrand Chamayou
Jonas Vitaud
Bertrand Chamayou et Jonas Vitaud ouvrirent cette première partie, à 16h30, avec les « Chants d’amour », 18 valses pour piano à 4 mains, œuvres simples et charmantes, manquant parfois de liens dans leur indispensable continuité, mais jouées à la perfection par deux pianistes de talent, respectant leur texte avec élégance et musicalité. Ce fut un prélude parfait pour la suite d’un programme d’une toute autre envergure.
Donna Brown
Philippe Cassard
Les lieder pour soprano et piano, 10 courts chefs d’oeuvre de caractère différent, teintés le plus souvent de mélancolie, furent interprétés merveilleusement par la soprano Donna Brown et le pianiste Philippe Cassard. Avec douceur, volupté, fureur et humour (parfois), Donna Brown a traduit l’esprit des textes dans leurs moindres inflexions, nous en faisant comprendre toutes les intentions. Sa voix chaude, malléable, fait passer le moindre détail avec une justesse des mots, inflexion appropriée, contrastée, vivante, retenue ou exaltée, dans une expressivité rayonnante de beauté. Elle a su convaincre sans s’imposer, transmettre et atteindre sans détour notre sensibilité. Et c’est avec/grâce à, la totale complicité de Philippe Cassard, musicien accompli, discret mais combien efficace, au service de Brahms et de sa partenaire et imposant indiciblement la marque de son talent, que Donna Brown a pu donner le meilleur d’elle-même. Ils se sont fondus en un couple soudé d’une superbe authenticité.
Mathieu Herzog, altiste du Quatuor Ébène, s’est joint à eux pour les 2 lieder pour voix, alto et piano. Son extraordinaire personnalité, (fou)gueuse, exaltée, vivant sa musique avec une intensité exacerbée, s’est fondé merveilleusement, en un équilibre parfait au sein de ce trio improvisé, qui nous a donné une interprétation de rêve de ces deux chefs d’œuvre, peu joués, d’un Brahms particulièrement inspiré.
Quatuor Ébène
C’est en deuxième partie, à 20h30, que le Quatuor Ébène (Pierre Colombert et Gabriel Le Magadure respectivement au 1er et 2ème violons, Mathieu Herzog à l’alto et Raphaël Merlin au violoncelle), firent leur entrée d’un pas décisif et assuré. Ces quatre jeunes artistes ont été stupéfiants. Nous avons découvert la (ré)union de quatre personnalités différentes – opposées même - qui ont réussi l’exploit d’une unité d’une rare perfection, en prenant tous les risques techniques et musicaux, avec une aisance déconcertante, sans la moindre imperfection. Nous avions devant nous, le quatuor des corps mouvants, déchaîné par l’interprétation fulgurante des trois œuvres programmées. Assis, quasi debout subitement, tapant du pied, assurant toutes les intentions et difficultés de la partition, par des regard croisés permanents, enthousiasment, délirant et ne nous laissant à aucun moment respirer, ils ont émerveillé par leur bonheur communicatif de jouer, d’exprimer et de transmettre leur foi infaillible un public admiratif et déconcerté par tant de virtuosité.
Donna Brown et Jonas Vitaud ont rejoint le quatuor pour les 5 lieder transcrits par David Walter. Au piano, Jonas Vitaud, emporté par un tel enthousiasme, fut magnifique de clarté, de précision et de musicalité, jouant à merveille le jeu de ses partenaires. Donna Brown, voix superbe s’élevant au-dessus des sonorités instrumentales, émotion dans la puissance vocale des phrases dramatiques magnifiquement exprimées, fut encore plus bouleversante. Son aigu un peu difficile, déjà remarqué en matinée, n’entacha en rien le talent maîtrisé de cette grande artiste que nous avons eu le bonheur d’apprécier.
Enfin, pour terminer cette folle journée, Bertrand Chamayou, a rejoint le quatuor pour le Quintette avec piano en fa mineur. Il a été en parfaite osmose avec ses partenaires faisant de cette fin de soirée, l’apothéose d’une journée extraordinaire, dont les « Nuits » peuvent être fières.