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Totale complicité entre Nicholas Angelich et Graziella Contratto
pour un Rachmaninov de rêve
« Esquisse d’une âme russe »
Orchestre des Pays de Savoie
Orchestre de Chambre de Genève
Nicholas Angelich, piano
Graziella Contratto, direction
Alexandre Borodine ( 1833-1887), Dans les steppes de l’Asie centrale
Jean Sibelius (1865-1957), Symphonie n°3 en do majeur, op 52, Allegro moderato, Andantino con moto, quasi allegretto, Moderato – Allegro (ma non tanto)
Sergueï Rachmaninov (1873-1943), Concerto pour piano n°2 en do mineur, op 18, Moderato, Adagio sostenuto, Allegro scherzando
L’ambiguïté d’un tel concert est l’association de deux formations « Mozart » de qualités incontestables, ayant chacune leur propre spécificité et ne se regroupant que par intermittence, et d’une chef d’orchestre aux compétences particulièrement affirmées, égale à elle-même, passant de la petite à la grande formation sans aucun souci apparent, et surtout ne changeant en rien sa lisibilité de l’œuvre à diriger.
Graziella Contratto a le souci du détail et de la perfection. Analyste méticuleuse, elle décortique sa partition dans les moindres détails, obtenant de ses musiciens la moindre de ses intentions, dans un calme et une sérénité déconcertantes. Tout est travaillé, conçu et voulu selon son aspiration, trahissant pourtant par moments son inspiration. Musicienne jusqu’au bout des doigts, elle exige la nuance, l’articulation et la respiration. Rarement on a entendu un orchestre d’une telle clarté, même si la disposition scénique – pratiquement à plat – brouille quelque peu les pistes. Graziella Contratto dirige son orchestre symphonique en chambriste, domaine dans lequel elle excelle, laissant volontiers de côté la puissance et l’éclat sonores qu’une telle formation exige, en s’investissant trop peu dans le registre des fortissimo, nous privant ainsi de l’émotion sublime de la toute puissance de l’incandescence des passages de brillance. Mais, elle a su réunir ces deux orchestres en une formation cohérente, attentive et souple à sa volonté, qui place l’union de l’Orchestre des pays de Savoie et de l’Orchestre de chambre de Genève, dans la droite ligne de leurs aînés, et qui laisse à penser que la permanence de cette collaboration fructueuse, pourrait bien en faire un orchestre de région de premier plan.
Le concert de ce dimanche s’ouvrait sur Borodine, avec son œuvre descriptive et pédagogique connue de milliers d’enfants. L’orchestre l’a jouée, toute en nuances avec élan et générosité.
La 3ème symphonie de Sibélius, peut connue du public, n’est pas véritablement un chef d’œuvre. Elle est agréable de temps en temps, ennuyeuse très souvent. Il a fallu tout le talent et la « foi » de Graziella Contratto pour en sortir le meilleur, en jouant sur la finesse des quelques thèmes « romantiques ». Si elle n’a pu convaincre véritablement, elle a eu au moins le mérite et le courage de sortir de l’oubli une œuvre qui aurait peut-être dû… y rester.
Nicholas Angelich
Puis vint enfin l’œuvre attendue, le 2ème concerto pour piano de Rachmaninov. Dès les premiers accords, Nicholas Angelich, dans une concentration absolue, montra la simplicité de son talent. Son interprétation, d’une sincérité et d’un naturel déconcertants, a fait oublier de bout en bout la difficulté de la partition. Il s’est attaché a joué ce chef d’œuvre, dans le respect absolu de son ressentiment. Ce fut magnifique et magique. Légèrement couvert par l’orchestre au début du premier mouvement, il a su reprendre l’équilibre nécessaire en totale complicité avec Graziella Contratto, qui a servi le talent du pianiste avec un immense bonheur et une chaleur communicante. Ils ont formé un couple idéal, transmettant une musique passionnée et lyrique avec une ferveur peu commune, dont le soutien sans faille de tous les protagonistes, ne peut qu’être félicité.
Tradition oblige, sous les réclamations du public, Nicholas Angelich est revenu par deux fois pour deux des préludes de Rachmaninov, laissant ses admirateurs dans le plus grand des ravissements.
L’Espace Malraux nous a offert ce dimanche un concert d’une grande beauté, dont la salle archi-comble, prouve, si le besoin en était, que la musique classique n’est pas comme certains le prétendent, désuète et démodée. Il y a un public fervent et passionné pour cet art majeur, trop souvent ignoré. On ne doit pas l’oublier.
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Hervé GALLIEN
3 décembre 2007
Toutes les critiques de concert réalisées par Hervé Gallien
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