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La musique censurée
Aix-les Bains
Saison Culturelle 2006-2007
Il est difficile de dire que nous avons été déçus. On s’y attendait. On savait à quel point les mélomanes aixois seraient frustrés et que cette année encore, les amoureux de la musique classique devraient s’expatrier pour satisfaire leur passion.
Le programme de la saison 2006-2007 est donc tombé, encore plus bas. La seule audace est de taille, c’est l’intitulé de la brochure : saison « Culturelle ». On y trouve de tout, sauf ce que l’on y cherche.
On peut bien sûr, par ci, par là, hors musique, y trouver son compte ; quelques grands noms, quelques grands titres, pour le théâtre essentiellement, en surabondance et tout de même bien conventionnel. Pour le reste, on y trouve un méli-mélo de pourquoi pas et d’impossible, de compétences et d’irresponsabilités, ou chacun y puisera selon ses goûts.
Quant au reste des restes, la musique classique, c’est tout simplement stupéfiant. On pourra à la rigueur retenir trois soirées : pour son imagination, l’Orchestre du Kiosque à musique, au Printemps ; pour son talent - probablement - le piano de Karine Vartanian et pour sa voix - peut-être - les éternels airs d’opérette et d’opéra-comique, ressassés ici et là, par Isabelle Vernet.
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A côté de ceci, que dire d’une « La Flûte Enchantée », parachutée sans qu’aucune précaution n’ait été prise quant à la crédibilité de ce spectacle ? Que dire de la programmation d’œuvres majeures du répertoire classique, exigeant compétences et professionnalisme, jouées par des musiciens amateurs qui ne peuvent, de toute évidence, faire face à la partition ?
Tout ceci, une fois encore, est frileux, routinier, sans invention, sans imagination, et laisse un goût amer qui mérite quelques réflexions.
Ne pourrait-on pas rêver d’une saison pensée et construite, s’ouvrant sur un thème unique, fort et convainquant, regroupant musique, théâtre, danse, peinture, sculpture, littérature, histoire, et plus, qui proposerait les oeuvres marquantes de l’histoire de l’Art, couvrant toutes les époques, du moyen –âge à nos jours, sans discrimination. Le choix est immense. Il suffit d’y puiser avec discernement et bon sens, et d’en confier la réalisation à des gens dont c’est le métier : artistes de tous horizons, jeunes et moins jeunes, célèbres et inconnus, dont l’essentiel est avant tout, la compétence. Le public devrait y trouver ce qu’il ne rencontre jamais, ce dont très souvent il ne soupçonne même pas l’existence : les désirs et délires d’artistes, créateurs de génie, qui, eux seuls, ont le talent d’ouvrir les portes de la connaissance et de la vie.
Il faut donc oser, déranger, remuer, bousculer. Le monde actuel s’enlise progressivement dans la médiocrité, dans une léthargie communicative qui le plonge dans l’indifférence et la monotonie. Et c’est là que la Culture prend toute son importance, en nous réveillant sur un monde visionnaire, capable de satisfaire le plus profond de nous-même.
Aix-les-Bains à la capacité de réaliser un tel projet. Il suffit de le vouloir. Ceux qui sont convaincus qu’une telle initiative est possible sont prêts et ne demande qu’à participer, pourvu qu’ils soient entendus. Mais peut-être faudrait-il aussi, un jour ou l’autre, confier la démarche culturelle à un véritable patron, libre et indépendant, aux compétences assurées, qui serait le garant de l’imagination créative et de la qualité artistique auxquelles nous aspirons. Nous pensons enfin qu’il serait temps qu’Aix-les-Bains prenne l’initiative de lancer un véritable débat public : la Culture c’est quoi ? à quoi ça sert ? pourquoi est-elle toujours source d’angoisse chez ceux qui nous gouvernent ?
Voilà les questions que nous nous posons. Espérons qu’elles ne resteront pas sans réponses.
« PLUS LES HOMMES SERONT ÉCLAIRÉS ET PLUS ILS SERONT LIBRES . » (VOLTAIRE)
Jean-Antoine Houdon (1741-1828)
Voltaire (1781)
Hervé GALLIEN
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