"Le regard que je porte sur ces dernières années est celui porté sur un paysage vaste, riche, quelque fois sauvage, quelque fois idyllique que je viens de connaître en me promenant dedans.
J'ai eu l'occasion de vivre des rencontres riches et variées durant mes années avec l'OPS.
Tout d'abord les publics savoyards et haut-savoyards : des mélomanes, des néophytes, des fidèles, des collégiens (des milliers !), des enfants sourds de Institut National de Jeunes Sourds (INJS) à Chambéry qui ont fait des dessins magnifiques pendant la série « Pays, Paysage, Visage »
Et puis après nos solistes - Nemanja Radulovic, Marie Devellerau (dans le spectacle du Cadre Noir de Saumur - en robe Valentino sur le sable - inoubliable !), Christian Immler pour des lieder de Mahler, Xavier Phillips pour le concerto déchanté de Friedrich Gulda (en collaboration avec les conservatoires à rayonnement régional de Chambéry et Annecy), LiuFang dans mon tout premier programme avec Mahler et des oeuvres pour luth chinois...
Puis après je pense à tous les directeurs de scènes nationales et régionales, de festivals nationaux et internationaux qui ont soutenu ma programmation (spécialement aux frères Vuillermet de Montsapey), à Marie-Noëlle Ramuz qui a coordonné des rencontres avec des classes en Haute-Savoie, entre autre pendant nos répétitions au Conservatoire d'Art et d'Histoire - une femme aussi passionnée que pédagogue qui nous a fait partager son enthousiasme et son idéalisme pour la musique classique auprès des jeunes. Je pense aussi à mon équipe administrative avec laquelle j'ai senti un mélange parfait entre professionnalisme et compréhension de nous autres pas toujours très faciles...
Je pense aux appels inspirés et quelquefois désespérés d'Odile Ollagnon, mon maître Yoda - de qui j'ai tout appris sur la gestion culturelle en France, sur la vie professionnelle d'une femme dans un milieu pas trop féminin et avec qui j'ai - chose rare !- développé une amitié qui perdurera sûrement notre départ presque simultané de l'OPS .
Et je pense aux centaines de concerts pendant lesquels les musiciens et musiciennes de l'OPS ont fait preuve d'une flexibilité incroyable - des allers et retours en voiture, des raccords dans des salles non appropriées à des conditions musicales, des programmes fous (choisis par leur directrice musicale qui aime tant ouvrir les frontières...).
Ma dernière programmation embrasse une fois de plus des répertoires variés, des rencontres inouïes, des balades sonores à travers des paysages musicaux intacts et - comme spécialité - un prisme de couleurs, de lumières éparpillées, de magie « lunaire -. En réfléchissant davantage, je pense qu'on pourrait aussi la dédier à l'Amitié, tout simplement."