Interview réalisée en février 2008 à l'occasion des élections municipales de Chambéry. Madame Bernadette Laclais est aujourd'hui Maire de Chambéry
A cette occasion, la candidate et maire sortant nous a accordé une interview où elle précise certains points de ses projets, ce qu’il apportent de nouveau, de différent par rapport à celui de son concurrent principal.
Chambé-Aix : Pouvez vous nous parler de votre équipe ?
Madame Laclais : L’équipe est largement renouvelée, seulement 13 adjoints sortants y figurent. Elle est composée de personnes ayant déjà exercé des responsabilités et capables d’en assumer dans un certain nombre de dossiers. Ces personnes ont eu des parcours différents, issues pour certaines de la vie associative ou publique, pour d’autres de partis politiques divers. Plus de 50% des personnes n’ont aucune attache partisane, elles ont montré qu’elles s’engageaient pour leur ville par leur travail dans les associations ou dans les quartiers.
Le travail fourni par cette équipe a permis d’élaborer le projet pour Chambéry.
Nous avons la capacité de projets nouveaux, dans la continuité des valeurs de progrès et d’humanisme qui ont jusqu’ici portées nos actions. L’équipe municipale sortante a travaillé 7 ans sans se diviser sur aucun dossier. Nous repartons dans un même état d’esprit.
Nos propositions sont définies dans une liste d’actions regroupées dans les domaines qui concernent les compétences d'une municipalité : développement durable, logement, renforcement des solidarités, équipements, culture, patrimoine et cadre de vie, sport, …
consulter le projet de l'équipe Chambéry au Coeur
Mme Laclais entourée d'une patie de son équipe le jour de l'interview. A sa droite, Mr Ruffier.
Chambé-Aix : pouvez vous nous indiquer les grandes lignes de votre programme, ses différences avec les projets concurrents ?
Madame Laclais : - Nous avons des différences notables avec le programme de la liste de Mr Dullin sur dans la manière d’aborder plusieurs points :
Sur le développement durable
- Chambéry doit avancer sur deux pieds, elle doit être à la fois performante et solidaire. Elle doit créer les conditions de la performance, la cohésion sociale en est une. Elle ne pourra pas être solidaire si elle n’a pas de richesses. Ces deux domaines de performance et de solidarité sont à considérer ensemble pour amener les conditions qui renforceront l’attractivité de la ville, favoriseront la création d’emploi tout en restant attaché à nos valeurs de solidarité.
Sur le logement
- J‘ai été choquée par les propos de Mr Dullin lorsqu’il dit vouloir arrêter le phénomène de banlieurisation. Les gens qui vivent dans des quartiers moins favorisés n’ont pas à être montrés du doigt. Ce n’est pas comme cela que l’on règlera les problèmes, mais bien en créant les conditions de la solidarité. Je ne comprends pas la stigmatisation qui prend des proportions choquantes. Je souhaite au contraire que le développement économique permette une lutte contre la pauvreté.
- Le logement, lieu de vie, doit intégrer une plus grande mixité, il est du devoir d’une municipalité à veiller aux équilibres. Il faut continuer à construire du logement social dans les quartiers qui en ont peu, amener un autre type d’habitat dans les quartiers où il est déjà très présent.
Sur le Plan de Déplacement Urbain (PDU)
- Il y a eu pour ce plan beaucoup de concertations, nous avons beaucoup travaillé pour rendre le projet avant le 31 décembre 2007, date butoir pour obtenir des sources de financement importantes.
Article en ligne et plus de détails sur le projet :
- La priorité aujourd’hui est de mettre en œuvre les études réalisées et abouties après des efforts et des concertations qui sont faits depuis des années. Mettre en œuvre ces travaux est désormais une urgence, les élections municipales ne peuvent pas mettre en cause tout ce travail.
D’autres études et aménagements cohérents sont possibles, nous ne les écartons pas.
- Il faut par exemple profiter de cette requalification pour proposer une étude d’aménagement de la Leysse. ll faut la découvrir partiellement si c’est possible. Il est souhaitable aussi de faire revivre les canaux dans le ville. L’eau doit retrouver sa place dans Chambéry. Le projet du plan d’eau au jardin du Verney proposé par la liste ne me semble pas adapté à la ville.
Par contre, une liaison par un funiculaire entre Chambéry Centre et Chambéry le Haut, pourquoi pas ?
Mme Bernadette Laclais au cours de l'interview
Animation et culture
- J’ai été surprise par l’expression ‘La belle endormie’. Cette formule est une marque de la méconnaissance du fonctionnement de la Ville. Le dynamisme de la ville n’est pas que municipal. Faut-il laisser la place à de grandes sociétés d’animation ? Nous pensons qu’il faut laisser de l’espace aux associations, pour permettre que se continuent des animations comme le carnaval de Chambéry, les animatons Cité d’éte, le festival de la BD, le festival des Métiers de la montagne, etc.
Sur un rapprochement de projets entre Chambéry et Aix les Bains
Madame Laclais fait part de son étonnement devant la question d'un rapprochement éventuel :
- Le ciment de mon équipe, c’est avant tout l’amour de la ville de Chambéry. Nous oeuvrons avec cette motivation pour rendre la ville plus attractive. L’extension du Manège, parfois complété avec l’Espace Malraux, fera mieux vivre le centre ville et son commerce, en synergie avec le nouveau bâtiment du Phare avec SavoiExpo à ses côtés.
Mme Laclais évoqua l'existant avec Technolac, Hexapole, indiquant qu’une coopération cadrée dans certains espaces était déjà en marche.
Elle fit remarquer que la ville d’Aix les Bains, pour sa part, n’avait pas montré jusqu’ici l’esprit d’une grande ouverture sur la question du rapprochement des agglomérations.
La question de l'arrivée nord du TGV à Chambéry reste une dissension forte entre les deux villes
Mme Laclais fit remarquer un point :
- Dans la conférence de presse commune de Mr Dullin et Mr Dord sur le rapprochement inter-agglos, un enjeu essentiel, l’arrivée du TGV par le nord de Chambéry n’a pas été évoqué, comme si les questions difficiles avaient été écartées. Aix les Bains ne veut pas de cette arrivée, alors que Chambéry la juge indispensable, pour ne plus utiliser la solution de faire passer les trains sur une voie unique de 43 km, situation d’extrême fragilité et fait unique en France sur une voie internationale. Est-il possible de continuer ainsi, alors qu’en cas d’accident, aucune procédure n’a été prévue ? la proximité politique des deux hommes n’a pas suffi pour les mettre d’accord.
Cette question en pose beaucoup d’autres qui sont posées à la page 18 de sa brochure. Mme Laclais fait remarquer que la position de Chambéry sur ce point rejoint celle de Grenoble et d’Annecy.
- Une coopération entre ces villes chef-lieu de département placées dans le Sillon Alpin, comme avec Albertville, est à envisager dans une démarche ouverte, sans sectorisation politicienne. Les élus, qu’ils soient de gauche ou de droite, travailleraient ensemble sur des projets précis. Quelques exemples existent, comme avec Annecy dans le projet des CCSTI où chaque ville incarnant un domaine spécifique de la science est complémentaire avec l’autre.
La politique des quartiers
Mme Laclais évoque les mairies de quartier, leurs adjoints, leurs conseils. Ce système a beaucoup apporté à la vie municipale. Les quartiers sont devenus des lieux de concertation et de retour d’information. Les habitants découvrent ainsi le fonctionnement d’une commune avec ses contraintes qu’ils ne soupçonnaient pas auparavant.
Mme Laclais envisage des améliorations de ce système, en dédoublant certains quartiers qui ont des problèmes particuliers, pour qu’ils se retrouvent mieux ensuite. Ainsi, les quartiers de la Cassine et de Chantemerle pourraient aborder leurs questions en deux temps : une fois isolément puis au sein d’un quartier élargi. Il en serait de même pour le quartier du Laurier.
Un même schéma de ce type serait envisagé pour la ville pour un travail en cohérence.
Mme Bernadette Laclais
Le rôle du Maire
Madame Laclais, en fin d’interview, tint à apporter ces dernières précisions :
- Le maire est la personne politique la plus crédible, celle vers qui le citoyen se tourne le plus volontiers.
Sa fonction est triple
- Il doit établir un projet global, établi par une équipe qui prépare l’avenir. Le projet de la Cassine à Chambéry avait été anticipé dès 1995. Il a ici un rôle de visionnaire.
- Il doit répondre aux attentes de ses concitoyens, dans le domaine de la vie quotidienne : ce sont le logement, les déplacements, la culture, etc.
- Enfin, il doit répondre à la question des moyens, être crédible sur leur utilisation.
La municipalité de Chambéry n’a pas touché à la fiscalité et continue de maîtriser la dette. Pourquoi se priver des partenariats avec l’Europe et l’Etat ? Il y a là, dans une logique volontariste, le moyen d’alléger la contribution des chambériens, dans un esprit de bonne gestion.
Chambé-Aix : Merci Madame Laclais.
