L'espace naturel alpin devient il un terrain de récréation pour la population des villes ? Intervention de Monsieur Philippe Bourdeau, Maître de conférence à l'institut de géographie alpine à Grenoble.
Ces quelques lignes s'inspirent de son intervention.
Celle-ci fait bien ressortir l'impact d'une plus grande facilité de déplacement dans le massif alpin.
On passe de l'ici/ailleurs à un bloc villemontagne . Philippe Bourdeau en conclut une nouvelle grille de lecture du tourisme en montagne.
La montagne a été présentée dans un premier temps comme un anti-monde urbain. A la ville-travail, béton, métal s'est opposée la nature préservée, les grands espaces libres, les vacances, le hors quotidien.
Aujourd'hui, la signalétique (panneaux divers), l'industrialisation arrive par de grandes infrastructures et villes - stations de ski.
Cette dialectique est cependant remise en cause aujourd'hui : les sports de montagne arrivent en ville, par la création de stades de neige couvets, des parcours d'escalades placés dans le centre de grandes agglomérations, etc.
La montagne représente de moins en moins cet ailleurs ultime. La mobilité automobile réduit considérablement cet écart.
Si jusqu'ici le paysage était borné (proche/lointain, touristique/non touristique, aménagé/sauvage) on s'approche aujourd'hui d'un espace à géométrie variable, pas seulement dans la montagne.
Le jardin fait aujourd'hui partie de la maison pour en devenir un lieu indissociable, on assiste dans les publicités à une fusion corps-nature.
Le 20ème siécle a codifié le sport. Par exemple la natation est passé de l'eau vive à la piscine. les stades ont fleuri un peu partout, créant es espaces codifiés.
Si ces espaces ont encore de beaux jours devant eux, ne serait-ce que pour les sports collectifs tels le football, le rugby, on passe peu à peu à un sport plus ouvert sur la nature, c'est l'émergence d'un nouveau modèle sportif, non unique.
Le sport, par certains aspects, passe de la raison à l'émotion.
Sur un plan touristique, on passe au désanchantement touristique : c'est banalisation paysagère.
Le réenchantement passe par une qualité de vie. Les espaces d'écologie urbaine connaissent un vif succès, on assiste à une touristification des lieux ordinaires : Paris lage en est un peu l'emblême.
Dans le tourisme aussi, des évolutions de fond sont importantes et durables, et les villes alpines ont déjà beaucoup évolué dans leur politique du tourisme, on assiste à la fin de clivages que l'on croyait bien ancrés. La géométrie variable est là aussi en marche !
C'est par exemple la Maison de la Montagne à Chambéry qui propose une culture de la montagne, avec sur place des ambassadeurs des parcs des Bauges, de Chartreuse et de Vanoise.
Philippe Bourdeau