Caroline Sageman, piano
Difficile, lorsqu’on rencontre Caroline Sageman, d’oublier quelle enfant prodige elle fut, son regard inchangé
la trahit. Un regard déterminé qui, depuis toujours, révèle la même évidence : Caroline Sageman n’a pas
appris la musique, elle y est née. Pas étonnant, alors, qu’on peine à trouver dans sa biographie les repères
habituels des carrières ordinaires.
Éduquée à la maison, Caroline Sageman grandit entre les valses de Chopin par Rubinstein et les leçons de
piano de Denyse Rivière, elle-même disciple de Marcel Ciampi et professeur de Jean-Marc Luisada.
A neuf ans, Caroline Sageman remporte le premier prix du Royaume de la Musique qui la conduit sur la
scène de la Salle Pleyel à Paris. Le public découvre alors une image sidérante : une blonde et minuscule
gamine, les pieds ballants au-dessus des pédales du piano, tient tête à l’Orchestre Philharmonique de Radio
France dans le Concerto en ré majeur de Haydn.
a scène serait presque absurde si, en fermant les yeux,
on n’avait alors la sensation bouleversante d’entendre un immense pianiste au soir de sa vie.
Un Claudio
Arrau, par exemple, qui ne tardera pas à suivre avec bienveillance le développement de cette artiste
singulière.
D’autres maîtres croiseront la route de Caroline Sageman : Germaine Mounier et son infatigable générosité,
Milosz Magin, Hubert Guillard et bien sûr Merces De Silva Telles, l’une des rares élèves d’Arrau qui lui apprit « à utiliser son corps, à être endurante, car la technique d’Arrau est basée sur la souplesse, laquelle passe
par l’appréciation du poids. Ainsi, chaque note possède son identité, … ».
A dix-sept ans, seule, et contre l’avis de tous, Caroline Sageman prépare le concours Chopin de Varsovie.
C’est son premier - et ce sera le seul - concours international. Bridée par le trac, elle remporte le sixième prix
de ce concours tant redouté et demeure, à ce jour, la plus jeune lauréate de toute l’histoire du concours
Chopin.
Ensuite, Caroline Sageman joue beaucoup en Italie, au Japon, ... et découvre les joies de la musique de
chambre. Avant de s’accorder un peu de temps pour entrer dans l’âge adulte, pour découvrir Johnny
Halliday, l’art culinaire et les grands vins. Et pour faire un enfant, l’autre passion de sa vie…
En mai 2000, son premier disque Chopin paru chez Lyrinx est celui d’un grand maître. En juin 2004,
l’enregistrement de la Sonate de Liszt confirme aux oreilles de tous qu’elle est une personnalité unique dans
le monde du piano. Cela tombe bien car Caroline Sageman, plus que jamais entièrement dévouée à son art,
est désormais prête à la carrière conforme à son immense talent et sa personnalité hors norme.
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