24 octobre 2006. Deux journées de pluie et de vent viennent de passer, nous calfeutrant à l’intérieur. Et ce vent, qui nous avait amené la grisaille, chasse soudainement les nuages. Le soleil illumine à nouveau Chambéry, Aix les Bains, le lac du Bourget. J’ai rendez-vous avec Jean Sangally.
Jean Sangally est né au Cameroun où il s’est imprégné durant toute son enfance des divers rythmes, mélodies et harmonies d’Afrique. Son long séjour en Europe lui permet ensuite de s’initier aux musiques occidentales. Il retrouve dans le blues la quintessence de ses influences musicales.
Vous pouvez connaître plus de sa vie et de ses œuvres sur son site www.jean-sangally.com.
Q - Tout au long de votre carrière, vous avez chanté Bassens…
Jean Sangally : Brassens est un bluesman instruit. Les bluesmen noirs américains ont été privés de tout, y compris de l’instruction. Ils avaient cependant un génie, la même inspiration de vivre. Brassens réunissait tout.
La musique de Brassens ne passe pas de mode. Dans dix siècles, sa musique sera toujours d’actualité, car elle vient du cœur et d’une authenticité de l’être.
Je n’imite pas Brassens, je ne le singe pas, je joue Brassens le plus sincèrement possible.
Brassens a réussi a donner des leçons, que tout le monde accepte. C’est du grand art que peu d’hommes ont jusqu’ici réussi. Qui, actuellement, peut nous dire ce que nous sommes et comment nous vivons, sans soulever de grandes polémiques ? Les hommes politiques, de « tous bords propres » aiment Brassens. Il y a une finesse du personnage à laquelle je rends hommage.
Cet hiver, à Aix les Bains le 3 février, se tiendra le festival Brassens, c’est une bonne chose. Dominique Dord (député-maire d’Aix les Bains) à l’origine du club Brassens à l’Assemblée Nationale ne peut que se réjouir de cette collaboration dans sa ville.
Q- Que peut-on dire du blues en France ?
JS : Les producteurs français ne s’intéressent pas beaucoup à cette musique, c’est dommage. Il est malheureux qu’ils se désintéressent à ce point d’une musique authentique. Ils l’avaient fait avec Brassens justement. Le succès de la dernière réédition de ses chansons montre qu’ils se sont trompés.
Dans dix siècles, le blues sera toujours chanté. La musique du cœur et de l’authentique traverse le temps et les modes. Le blues vient de l’Afrique, les 12 mesures viennent de là et ont été amenées aux Etats-Unis. Et il est toujours chanté !
Et Ray Charles sera toujours connu !
Q- Le public chambérien et aixois semble beaucoup vous aimer…
JS : J’aime les gens, ils ont tous quelque chose. La vie séquestre ce qu’ils ont de plus précieux en eux, c’est révoltant. J’ai le privilège de côtoyer beaucoup de milieux, et parfois là où on s’y attend le moins, je rencontre intelligence, générosité…
Lorsque je suis sur la scène, j’aime ce que je fais, j’aime les gens pour qui je le fais. Je suis comme un adulte-enfant, qui n’est pas lassé par les choses qu’il fait et découvre.
Lorsque je me suis produit à Paris avec Nina Simone, beaucoup de chambériens sont venus, ça m’a beaucoup touché |
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Q – Vous avez joué avec elle, au Palace à Paris, pouvez vous nous parler de cette expérience ?
JS : C’est plus qu’une artiste, c’est un maître dans l’art de la musique, une référence, une personnalité inoubliable…Elle est dans le même registre que Brassens, elle entre dans l’intemporalité de la musique…(visiblement ému, Jean Sangally s’arrête…)
Q- Vous avez été organisateur du Festival des Arcs
JS : J’en ai été le programmateur, mais je vais passer la main à d’autres artistes cette année. Cependant, j’y jouerai en tant que musicien !
Q- Vous serez prochainement au festival de guitare de Nice, qui se déroulera du 24 au 28 octobre
JS : Ce festival regroupe des concerts qui se joueront dans différents endroits de la Ville. Nous allons y jouer en trio, avec Isel RASUA à la batterie et Darius SCHEIDER à la basse. Il s’agit d’une petite formation. Nous adorons cela. Cela nous oblige à nous surpasser, pour entraîner les gens…
Q- Plus proche de nous, vous jouerez le 13 janvier à La Ravoire
JS : La Ravoire, c’est un peu ma famille… C’est avec beaucoup de plaisir que je les retrouverai.
J’écrirai peut-être quelques chansons d’ici là…
Q – Vous nous avez déjà parlé du festival Brassens, vous serez également à St Quentin Fallavier le 2 mars
JS : J’ai déjà joué à St Quentin. Ils m’ont apprécié, ils m’ont demandé de revenir. Pour beaucoup de mes spectacles, cela se passe de cette manière !
Jean Sangally participera également au festival de blues de Saint Chamond (42) le 25 janvier 2007.
Il est temps de prendre congé. Jean Sangally a égayé l’interview de son rire franc et communicatif, a chanté du Ray Charles alors qu’il évoquait le blues américain. Le soleil est revenu. Il brillera encore plusieurs jours…
Jean Sangally |
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