Cet article a été réalisé par Roland Zanardi, journaliste, éditeur du blog d'information http://aixlesbains-canard.over-blog.com et du journal Le Petit Canard Aixois.

Albert Carron est le père de René Carron Président National du Crédit Agricole – Lors de la remise de la Croix d’Officier de la légion d’Honneur à Monsieur Albert Carron j’étais le seul "Pisse-Copies" admis à la cérémonie.

Mr Albert CARRON - Mme Albert CARRON
"A nous deux, nous avons bien réussi à le faire !"

 

Nécrologie : Albert Carron.

Des hommes s’en vont et leurs noms restent dans la mémoire collective ; des hommes s’en vont et, ceux de la génération qui suit se sentent une fois de plus orphelin.

Plumitif local, et bien que nous ayons partagé souvent le repas qui suivait l’Assemblée Générale du corps de sapeurs pompiers du canton, partagé d’autres instants de convivialité avec des « politiques » de belle envergure, seuls deux papiers signés de votre serviteur ont trouvés place à la une des gazettes, deux papiers qui seront repris in extenso ci-dessous quand il aura été dit que c’est Jacky Martel (lui aussi disparu) qui aura facilité la rencontre.

En page 10 de La Savoie du 13 Mars 1992.

 

Le chapeau d’Albert Carron

« Le chapeau d’Albert Carron est presque aussi connu dans le département que le bicorne de Napoléon ou le képi du Général De Gaulle. C’est le signe suprême de la célébrité du vice-président du conseil général » (titre et chapeau empruntés à Bernard Gerlier, Alors « patron de la subdivision yennoise de l’Equipement)

Mais il faut dire que l’apparition de ce chapeau a bien souvent servi à faire bouger les choses et à provoquer quelques angoisses chez ceux qui étudient votre dossier et que cette étude suit son cours ! Chapeau doté d’étranges pouvoirs sur les dossiers indéfendables et qui se retrouvaient

Comme par magie à la signature à sa deuxième apparition. Il faut croire qu’un génie malin sortait de ce chapeau pour, la nuit, sortir ces dossiers des oubliettes. Arriva même un jour où le chapeau n’eut même plus besoin d’apparaître pour que le génie intervienne...

Sortilège, magie, miracle, ou simple fait qu’un homme soit dans son travail en total accord avec son discours et ses convictions? Nous pencherons plutôt pour la seconde affirmation.

Une salle polyvalente, un gymnase, une déviation routière, une gendarmerie avec deux gradés, une subdivision de la DDE, un hôtel des Postes, un centre de secours neuf et super équipé, une étude de notaire, une perception et à chaque fois une intervention du génie du chapeau. Comme quoi un petit accessoire vestimentaire peut changer bien souvent le cours des choses, toutes les coquettes vous le diront...

J’ai beaucoup appris au contact de notre conseiller général: finances locales, relations humaines, connaissances des circuits de décision, pragmatisme.” (Bernard Gerlier) Mais ce sacré chapeau qui, depuis 1947, l’emmène toujours plus loin au service de ses contemporains ne lui aura pas permis de conjuguer, comme il l’aurait souhaité, l’art d’être grand- père.

 

Et, à 72 ans, après 45 ans de vie publique, le vice-président du conseil général de la Savoie a décidé de raccrocher son chapeau et d’abandonner les lambris des préfectures et de la Banque de Franco où il siège comme conseiller, pour retrouver son coin de terre et sa ferme du Haut-Somont, pour conjuguer enfin pleinement l’art d’être arrière-grand-père.

Celui qui n’a pas passé un dimanche sans venir rendre visite aux hommes de garde du centre de secours, ou tout au moins à passer un coup de fil quand ses obligations le retenaient à Paris ou sur les sites olympiques, ne pouvait raccrocher son chapeau qu’à l’occasion de l’assemblée générale du centre de secours du district de Yenne.

Dans une bille de noyer, volée peut-être à l’ONF (dixit Miche! Million-Rousseau), un pompier volontaire, artiste à ses heures, a tourné une quille sur laquelle un autre pompier volontaire a gravé les nombreuses décorations du récipiendaire, quelques rubans rouge et blanc aux couleurs de la Savoie en fête pour rappeler une toute récente intervention du“chapeau”: une information “contrôlée” faisant état des premiers pas de la flamme olympique sur la terre deSavoie le 7 février à Saint-Jean-de-Maurienne.

Précédant l’intervention du chapeau, René Carron s’était beaucoup déplacé pour expliquer avec une élégante fermeté que cette fameuse flamme olympique pénétrerait en Savoie le 5 février à Lucey, dans le canton de Yenne. Mais comme il est vrai que les Français sont depuis toujours fâchés avec la géographie, alors….

 

Très tard dans la nuit, le vice-président du conseil général a repris son chapeau, sa quille et les fleurs pour Madame, pour rejoindre le Haut-Somont, laissant au capitaine Million-Rousseau et à ses sapeurs le soin de livrer à domicile une magnifique chaîne hi-fi Technics, cadeau de reconnaissance financé par l’ONF, la gendarmerie, la Poste, la DDE, les pompiers et tout ceux que nous avons oubliés (qu’ils veuillent bien nous pardonner).

Le 23 mars au matin, peut-être le 30 s’il y a deux tours, M. le vice-président du conseil général sera redevenu un citoyen presque comme les autres.

 

Espérons que celui qui sera appelé à lui succéder dans le canton de Yenne puisse dans 22 ans présenter le même bilan. C’est une fois de plus à Bernard Gerlier que nous emprunterons la conclusion:

“Pour toutes vos actions en faveur du canton de Yenne et de la Savoie, Monsieur Carron, chapeau !”

Il est tellement rare de nos jours qu’un “politique” ne succombe pas aux tentations et aux facilités de la politique et qu’il puisse se retirer sous les applaudissements de près de deux cents personnes debout pour saluer l’homme qu’on ne peut séparer d’une carrière exemplaire, que ça valait bien un second coup de chapeau.

R.R, avec l’amicale complicité de Bernard Gerlier.

La deuxième parution, dans la rubrique « Les Gens » (D.L 20 juin 2003)…

 

 

Albert Carron, Officier de la Légion d’honneur

 

Il a été élevé au grade d’officier par Bertrand Landrieu, à Yenne, le 14 juin...

Elevé au grade d’officier au titre du ministère de l’Agriculture, lors de la première promotion de l’Ordre en 2003, il a reçu, chez lui, avec ses trois enfants, sept petits enfants, six arrières petits enfants, Bertrand Landrieu, préfet de la Région Ile de France et de Paris, élevé lui-même, dernièrement, au grade d’officier de la Légion d’honneur. Chaque avancement dans l’ordre doit récompenser des mérites nouveaux.

 

Les nominations et promotions font l’objet de décrets du président de la République, publiés au Journal officiel. Mais elles ne prennent effet qu’après la réception de l’intéressé par un légionnaire, d’un grade au moins égal à celui du récipiendaire.

Il était donc nécessaire que celui qui fut le directeur de cabinet de Jacques Chirac, président de la République, soit lui-même officier de la Légion d’honneur. Bertrand Landrieu, son parrain pour le titre de chevalier - qui fut préfet de Savoie de 87 à 90 se devait aussi d’être parrain de sa seconde promotion les remerciements d’Albert Carron.

Le récipiendaire avait tenu que, pour une fois cette cérémonie soit « familiale » et c’est devant un parterre plus intime que Bertrand Landrieu , s’écartant d’emblée du discours traditionnel s’appliqua à expliquer aux enfants (déjà bien grands) aux petits enfants (déjà adultes) et arrières petits-enfants que : Premier ordre national Français,créé en 1802 par Napoléon Bonaparte, Premier consul, pour récompenser les services civils et militaires, ce n’est qu’en 1804, après la proclamation de l’Empire, que Napoléon adopta l’étoile à cinq branches qui devint l’insigne de la légion d’Honneur.

Les premières remises eurent lieu aux Invalides à Paris (pour les civils) et au camp de Boulogne (pour les militaires). Après l’accolade traditionnelle et les remerciements de Monsieur Albert Carron, chacun aura retenu plus particulièrement quelques mots très simples, des mots qui expliquent le coté familial de la cérémonie en plus des satisfactions apportées par la vie publique ou par des actions en direction de personnes en grande détresse :

« C’est ici chez moi, devant ma femme et nos enfants que se situe sans doute ce qui est ma plus belle réussite : une famille unie et réunie car dans les métiers et fonctions de la vie publique, les journées sont bien longues et la vie de famille pour le moins bousculée… une vie de famille ça se construit à deux et à nous deux nous avons bien réussi à le faire ».

Le Haut-Somont 14 juin 2003.

 

 

Quelques mots de condoléances…qui ne sont plus que des mots.

 

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